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Les voies Romaines

Les voies Romaines

 

Les Grands Axe de Circulations et Communication
Partie I : Les voies romaines
 
Voie domitienne, Ambrussum
 
Si l’on dit de nos jours « Tous les chemins mènent à Rome », c’est que depuis la création du fameux réseau routier romain, énormément de nos routes actuelles (et parfois le tracé de nos autoroutes) suivent le tracé de ces voies, important lien entre la capitale éternelle et les capitales des différentes provinces de l’Empire.

Si aujourd’hui dans le Sud de la France, vous désirez suivre certaines de ses voies, vous trouverez quelques indices et informations qui vous seront fort utiles afin d’aborder les axes de circulation et les principaux sites qui gravitent tout autour.

Tout d’abord, les routes sont des axes de communications d’une taille majeure pour les romains et surtout pour un bon maintien de l’ordre dans l’Empire. Non seulement elles ont servi à la progression de l’extension de la puissante Rome, mais c’est surtout un lien primordial entre la grande Capitale et toutes ses « filles ». Pour resserrer ces liens, rien de mieux que de privilégier la circulation de biens, de soldats, mais aussi de courrier et de denrées alimentaires le long de ces longues routes.

CR
ÉATION DES VOIES :
Lorsqu’elles traversent les cités romaines, c’est au cœur d’un croisement que nait le centre appelé forum. Ce concentré de vie marchande, politique et surtout religieuse (quoiqu’état et religion sont liés) permettait de suivre le tracé vers les autres centres majeurs. Imaginez un peu que la voie romaine, en traversant un centre urbain serait un peu l’équivalent de nos grands boulevards, qui sont sensés accélérer, faciliter la circulation et surtout qui permettent d’accéder au cœur des villes (reste à voir si à l’époque les centres connaissaient les aléas des bouchons aux heures de pointe).
Pour résumer, il est, en théorie pratique d’avoir des routes rectilignes, tracées toute droite, mais cela ne reste que de la théorie. Bien sûr la Nature ne va pas se plier aux désirs de l’Empire. C’est à lui de s’adapter. Un homme de terrain, l’agrimensor, est chargé de voir comment il est possible de s’adapter au terrain et armé d’un outil (la groma) en forme de croix surmontant une perche, il projete sur une longue distance un tracé plus ou moins droit qui permettra une avancée rapide.
L’étape suivante consiste au débroussaillage puis on trace ensuite une tranchée. Le sol une fois tassé et nivelé est recouvert d’un amas de cailloux (de nature diverse selon les régions), puis ensuite, diverses couches composées de cailloux, de restes de poteries agglomérées par du ciment. La dernière couche, la plus importante, est formée de grands blocs de pierres polygonaux (ou carrés) en tuf ou pierre volcanique (ou toute autre pierre) qui étaient posés de façon à ce que le sol ne soit pas plat mais laisse l’eau de pluie s’évacuer sur les bords (mêmes bords qui maintenaient l’axe principal). Vous pouvez admirer une coupe de cette voie au milieu des vignes, près du village de Pinet (34).

https://www.youtube.com/watch?v=m7_5tpSo7ME



Tous les 1481 mètres, soit un mile romain, de larges et hautes bornes cylindriques indiquaient la direction des villes de la région mais aussi en partie supérieure et en abrégé, le nom de l’empereur (et tous ses titres) qui avait fait construire ou réfectionner ladite voie. La plus ancienne de ces bornes milliaires, datant de -118, est conservée au musée archéologique de Narbonne.

Pour faciliter la cadence des chevaux qui peuvent tenir un régime de course d’environ 40 kilomètres, les romains avaient organisé le long de leurs voies des relais servant à la fois d’auberges, étables et relais postaux. Ces mutatuio situés tous les 20 à 30 kilomètres sont de vrais gîtes, idéaux pour manger, boire, se reposer et changer de monture.

Moins nombreux, mais plus imposants, les mensio sont de grands centres pour se reposer la nuit, ménager sa monture et si besoin bénéficier de la présence d’un maréchal ferrant ou de centre de stockage, ainsi que de gros centres de marchandage. Le long des routes, tout était donc fait pour faciliter le passage des romains vers les différentes cités et centres provinciaux, générer l'efficacité de l’empire et surtout, permettre une bonne fonction du commerce.

Mansio, Ambrussum, voie romaine

 Le midi de la France, possédait donc de nombreuses voies ainsi que des sites importants qui les jalonnaient. Voici donc trois voies majeures de circulation ainsi que quelques-uns des sites principaux qui les jalonnaient.


1- La VIA DOMITIA
Ainsi appelée car son instigateur est le général romain Cneus Domitius Aenobarbus, qui en 118 avant J.C fait réorganiser un réseau de chemins afin de pouvoir mettre en avant une grande route qui partait des Alpes et atteignait les Pyrénées. D’une manière simplifiée, c’est de cette manière que l’on parle de la voie Domitienne. Cette route est primordiale pour l’avancée de la conquête de l’Empire, et primordiale car elle traverse l’une des plus importantes provinces romaines : la Narbonnaise.  Aujourd’hui c’est entre la Provence et une Partie du Languedoc et de la Catalogne Nord que cette route se développe.


Il est possible d'admirer des sites et villes que cette importante route traversait, entre autres, Briançon, Gap, Apt, Cavaillon, Nîmes, Béziers, Narbonne puis la route continuait en direction du Col du Perthus (ou de la côte, les historiens continuent de débattre à ce sujet).
On peut notamment voir des vestiges de Pont : les vestiges du pont de Lurs dans les Alpes de Haute-Provence ou autre ouvrage majeur dans le Vaucluse, le pont Julien (un ouvrage long de 80 mètres qui permettait de passer au-dessus du Calavon, il fut emprunté jusqu’en 2005 par le réseau routier!! il est aujourd’hui classé).

La ville de Nîmes qui est un autre site majeur était aussi traversée par cette voie. Véritable musée à ciel ouvert, de cette faste époque nombreux édifices tels que : La maison Carrée, les
Arènes ou encore la porte d’Auguste demeurent des traces des richesses de l’Empire.
Nimes, Maison carrée

 
Le site d’Ambrussum est l’un des plus importants. Non seulement, le site préserve la présence d’un ancien oppidum, important centre de négoce pré-romain, mais il est surtout connu pour son pont passant au- dessus du fleuve du Vidourle. Autre trace du passé, un petit tronçon de la voie Domitienne est préservé et conserve encore les traces des chars qui l’ont parcourus.

 

Tout aussi impressionnantes, les traces de chars sont encore visibles aussi sur la place de l’Hôtel de ville de Narbonne. Depuis des fouilles organisées en 1997, un tronçon de la route romaine est aujourd’hui exposé à la vue de tous. Site majeur, Narbonne est aussi un important nœud routier qui voyait se croiser deux voies : la Via Domitia et la Via Aquitania.  À l’heure actuelle, Narbonne est aussi le lieu où deux autoroutes se croisent : l’A9 (entre Orange et l’Espagne) et l’A61 (entre Narbonne et Toulouse)… Position stratégique oblige.

NArbonne, voie domitienne

 
2- La VIA AURELIA


Marquée par la volonté de relier rapidement l’Italie à la colonie d’Arles, la Via Aurelia permet donc de relier la Via Domitia pour rejoindre l’Hispanie. Autre voie majeure, elle est bien sûr située à l’intérieur des terres sans toutefois rester loin des côtes. Aussi appelée Via Julia Augusta, cette voie passait par des villes telles que Antibes, Cemenelum (hauteurs de Nice), Fréjus et rejoignait Arles.

Le long de la route, admirez les vestiges des thermes de Cimiez qui se situent en fait sur les hauteurs de Nice. Un quartier niçois a remplacé cette ancienne ville romaine crée par la volonté d’Auguste. Il n’y a pas que les thermes que l’on peut y trouver, mais tout un pan d’habitations (plutôt leurs vestiges) avec ses égouts et les traces d’une domus une importante habitation montrant les fastes et le luxe dans lequel vivait son propriétaire.

Si on parle encore des Arènes (amphithéâtres) d’Arles et surtout de Nîmes, chaque grande cité en possédait. Fréjus ny ’échappe puisque l’on peut encore admirer les restes d’un somptueux amphithéâtre. Parmi d’autres vestiges de cette grandeur, il est encore possible de retrouver les restes du port romain ainsi que de l’Arc de Triomphe marquant à la fois l’entrée de la ville mais aussi les victoires de romains qui avançaient dans leurs conquêtes et marquaient ainsi les terres colonisées.


Bien évidemment, comment ne pas citer Aix-en-Provence. C’est près de l’ancien oppidum d’Entremont que passait la Via Aurelia. Cependant, après la conquête des terres sur les ligures, le site fut détruit en 123 avant J.C. Le proconsul Sextius fait alors ériger en plaine, une cité fortifiée qui était réputée pour ses sources thermales. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui ont laissé leur nom à cette ville Aquae Sextius (Les Eaux de Sextius).

Il en va de même pour Arles, où aboutissait cette route et qui était traversée par une autre voie : la Via Domitia. Elle conserve aussi ses charmes romains ne serait-ce que par la présence de ses Arènes, son théâtre Antique ou encore les restes des thermes de Constantin. Ce sont là les principaux, bien sûr, le forum qui est toujours le centre-ville préserve son rôle car le lieu est toujours animé et populaire.
Arles, place du forum

  3- La VIA AQUITANIA


 
La Via Aquitania démarrait à Narbonne. Comme évoquait un peu plus tôt, cette route est née avec l’essor du commerce du vin, mais elle a surtout permis de pouvoir partir en direction de l’ouest. L’absence d’une voie fluviale entre les villes de Narbo Martius et celle de Tolosa (Narbonne et Toulouse) fut comblée par la création d’une telle route qui traçait ainsi un axe entre Atlantique et Méditerranée (et tout cela bien avant nos chers Canaux du Midi et de la Robine).

Depuis Narbonne, il fallait traverser Capendu, Carcassonne, continuer en direction de Toulouse et terminer à Bordeaux. Le long de la route, il y a quelques années, les archéologues ont retrouvé près du Village de Capendu des vestiges de poteries, bijoux et marchandises transportées le long de l’ancienne route.


Le premier gros centre se trouvait à Carcassonne. Construite sur une colline et dominant la vallée de l’Aude, Carcasso (nom latin) s’est parée au 3ème siècle après J.C d’un rempart dont on peut encore voir quelques vestiges, incrustés dans la cité médiévale de Carcassonne. Quelques tours et une partie du rempart Gallo-Romain ont été reconstitués au 19ème siècle afin de montrer le passé de la cité. Il reste même dans les sous-sols du palais comtal quelques restes de mosaïques d’anciennes domi parmi les plus riches de l’ancienne cité romaine.

Carcassonne, rempart romain

Toulouse n’est pas en reste, puisqu’entre autre, il est possible de revoir la ville romaine adossée le long de la Garonne. L’actuelle place de l’Esquirol correspondait à l’emplacement de l’ancien forum romain (et non la place du Capitole comme on l’entend trop souvent). Quelques vestiges de remparts ont aussi été retrouvés (ex. le square De Gaulle derrière le Capitole), marquant la longue relation de la célèbre cité rose avec la brique. L’Amphithéâtre romain de Purpan-Ancely marque aussi le prestige de cette superbe cité qu’était Tolosa.

Pour terminer, Bordeaux était aussi une cité d’ascendance romaine et elle possède donc quelques vestiges. Elle conserve le fameux Palais Gallien qui correspond à son ancien amphithéâtre, et plus récemment, des restes sous la place Pey-Barland (2015).


Il est bien sûr difficile de parler de tous ces fabuleux sites dans cet article, mais n’hésitez pas à nous suivre lors de nos visites :
Arles, Nîmes, Béziers, Narbonne, Carcassonne ou encore Toulouse afin de les découvrir

À bientôt pour la suite de l'histoire des voies : Les Grands Chemins de Pèlerinage


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